La Banque Vincent Bergerat (BVB), suivant le fil tressé des questions qui ont présidé à sa naissance (à propos de ces questions, cf. le nota bene in Notes sur le fonctionnement), s'apprête à les explorer un peu plus avant et pour ce faire, créer un outil approprié : une collection d'art contemporain.

La BVB constituera cette collection par la commande puis l’acquisition irrégulière d’œuvres d’artistes vivants, morts ou autre : peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation, etc. Tous travaux croisant les préoccupations chères à la B. V. B. - en l'occurence et en 2010, 2011 et 2012 : l'ennui et ses satellites.

L'ennui, en tant qu'il est une partie fondamentale de la vie au travail. L'ennui du bureau, qu'il s'agisse du lieu ou du meuble, la table de travail, voire de tout objet ou lieu devenant bureau, jusqu'au lit. L'ennui des chiffres, des lignes, des téléphones, des ordinateurs portables, des open spaces, d'une disponibilité due contre salaire, de la présence dont l'objet s'estompe. L'ennui des pauses déjeuner et des congés payés.
Ici, on peut citer des milliers d'auteurs (on citera un jour prochain Martin Heidegger et sa parfaite description d'un dîner réussi) pour le moment, ce sera Michel Houellebecq (extrait de "Les pics de pollution") :



"Tu déjeuneras seul
d'un panini saumon,
dans la rue de Choiseul
et tu trouveras ça bon".

L'ennui micro-fissurant le lisse et le fini. Le moment précieux du désœuvrement, ses possibilités d'extension illimitées, sa manière particulière de former l'épais nappage etnaïen de neige gris-clair et tiède, de tout atténuer d'un manteau/emballage dont on contemplera plus tard la silhouette évidée pleine des résonances d'un vieux contenu devenu incompréhensible ; sa puissance d'annihilation et sa fécondité. Sa façon d'abriter les conditions nécessaires et suffisantes de toute action, toute pensée, tout, tout, tout. De la course en fauteuil à roulettes aux lettres de démissions les plus prometteuses. Ici, je crois pouvoir citer Georges Bataille : "Il n'est pas de sentiment qui jette dans l'éxubérance avec plus de force que celui du néant. Mais en rien l'exubérance n'est l'anéantissement : c'est le dépassement de l'attitude attérée, c'est la transgression".
George Bataille, L'érotisme, Minuit, 1985, P78.

CALENDRIER
Août/Septembre 2010 premières acquisitions d'œuvres.